L’influence de l’Afrique dans le rap français
En France, l’histoire du hip-hop s’est écrite à la plume d’afro-descendants, très liés à leurs racines. De Passi à Ninho, découvrez comment l’Afrique a impacté le rap français.
L’histoire du rap français
À ses débuts dans les années 80, le hip-hop français incarné par NTM ou encore Ministère A.M.E.R. dénonçait le racisme, les inégalités sociales et les violences policières. Comme aux US, le genre recevait de vives critiques des médias en raison des textes jugés controversés. Il aura fallu quelques années pour que le rap français soit accepté. Si plusieurs styles se déclinent, certains afro-descendants reviennent aux origines.
Les précurseurs du rap fraçnais
Tout commence en 1999 quand un collectif de rappeurs originaires du Congo-Brazza appelé Bisso na Bisso (qui signifie « entre nous » en lingala, la langue nationale) se forme. Le groupe composé de Passi, Ben-J, Lino, et les autres sort « Racines », un album qui fusionne hip-hop et influences afro-caribéennes. Plusieurs artistes africains légendaires tels que Papa Wemba, Koffi Olomide, Lokua Kanza ou encore Manu Dibango ont prêté main forte aux jeunes artistes. Cet album pose les premières questions sur la double culture, et la solidarité panafricaine. Ils sont les précurseurs en France.
Un patrimoine africain qu’a en son temps exploité le 113 au début du millénaire. Le trio composé de RimK, AP et Mokobé, évoquait tous les clichés liés à leurs origines dans leur titre « Tonton du bled ». L’esprit rassembleur séduit, c’est un immense succès en France. De la même veine, ils sortiront « Un Gaou à Oran » en featuring avec Magic System en 2005. Un style qui perdra en popularité au profit d’un hip-hop à l’américaine, plus bling-bling et enclin aux guerres d’égo. Les rappeurs Booba, Rohff et la Fouine sont à leur apogée.
La relève du rap français
Vient le retour d’un rap plus engagé avec la génération Sexion d’Assaut. Une fois l’explosion de leur succès, le collectif remet au goût du jour les sujets liés à la double-culture. Comme Bisso na Bisso, ils empruntent des mots de leurs langues maternelles dans leurs textes. À l’image de MC Solaar en son temps, Youssoupha opte quant à lui pour un rap conscient et poétique qui rend hommage à son héritage culturel. Il remixera le single « Pitié » de son père, Tabu Ley, le légendaire chanteur congolais. Dans « Sapés comme jamais » Gims et Niska mettent la “sapologie” à l’honneur. Un art de vivre autour de la mode, originaire des deux Congo. C’est un carton sans précédent.
La toute dernière génération composée de Naza, MHD, ou encore Gradur, ont repris ces codes qui ont mené à l’avènement de la musique afro-urbaine en France. Ils rendent hommages à leurs racines, reprennent des sonorités issues du continent, font des featurings avec leurs ainés comme Oumou Sangaré ou encore Fally Ipupa renforçant ainsi l’unité entre l’Afrique et sa diaspora.
Par Cynthia N.